LES QUATRES DIRECTIONS – un enseignement de sagesse

Voici un enseignement tiré de mon livre LE SENTIER DE LA BEAUTÉ. Personnellement, les offrandes et la communion avec les directions dans ma pratique quotidienne se produisent plusieurs fois par jour. Ce sont les entités spirituelles les plus importantes dans le chamanisme nord-américain. Mais si je les présente ici aujourd’hui c’est surtout qu’ils portent aussi une sagesse qui peut inspirer une relation plus juste avec soi, une carte topographique de l’âme qui mène à davantage de compréhension de qui nous sommes en relation avec notre univers terrestre. Un peu plus long que d’habitude même si j’ai un peu raccourci les textes tirer de mon livre LE SENTIER DE LA BEAUTÉ.

 

Les quatre directions sont, pour toutes les Premières Nations d’Amérique du Nord et du Sud, de grands archétypes, d’immenses êtres angéliques qui ont été placés ici au tout début du monde, lors de la création de la planète. Leur rôle est de veiller sur les pôles Nord, Sud, Est et Ouest de la planète Terre et de garder et de transmettre les enseignements propres à ces directions.

Chaque nation amérindienne a ses propres symboles, ses propres traditions et sa propre culture qui entourent les quatre Grand-Pères. Ainsi, la signification des couleurs peut être différente d’une nation à l’autre. Ici, par exemple, les couleurs attribuées à chacune des directions seront celles utilisées par les nations du Nord-Est canadien où j’habite, soit blanc pour le Nord, jaune doré pour l’Est, rouge pour le Sud et noir pour l’Ouest.

Les directions nous aident à nous orienter dans la nature. Cela, tout le monde le comprend. Ceux qui s’aventurent en forêt emmènent souvent une boussole. Jadis, les Amérindiens, comme les autres habitants de la nature, n’avaient nul besoin de boussole. Les oiseaux migrateurs savent exactement où ils vont. Il en est de même sur les plans psychologique et spirituel. Connaître les directions autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de nous facilite la reconnaissance des principes fondamentaux qui peuvent nous guider et nous aider à trouver notre chemin dans le monde et dans la vie.

Le Nord représente la sagesse du miroir, les eaux calmes du lac qui reflètent les choses telles qu’elles sont. Cette image est aussi celle du mental, pleinement efficace lorsqu’il est parfaitement immobile. Dès qu’il s’agite, les eaux du lac deviennent troubles, la vision se brouille. La vérité disparaît, cédant la place à une tempête d’émotions. Lorsque le calme revient, la paix s’installe et la surface polie de l’eau nous renvoie une fois de plus l’image parfaite de tout ce qui est.

Lorsque nous comprenons de quelle façon fonctionne notre esprit, il devient facile de reconnaître ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas, de savoir ce qui vient de nous et ce qui appartient aux autres. La méditation constitue un excellent moyen d’atteindre cette compréhension de nous-mêmes, car elle nous permet de stabiliser davantage notre pensée. Les enfants, par exemple, ont cette capacité de se concentrer intensément sur ce qu’ils font et de ne pas se laisser distraire par un mental trop agité. Lorsqu’ils étudient, leur attention est fixée sur ce qu’explique le professeur et leur compréhension est instantanée. Leur mental est calme et efficace.

Le Nord symbolise le potentiel non manifesté. Il est représenté par les grands lacs gelés du Nord. La glace est immobile, pétrifiée, rien ne semble y vivre. Pourtant, sous la glace, le potentiel de la vie existe et lorsque le printemps vient, la glace fond et la vie est révélée. Un autre symbole du potentiel non manifesté est l’œuf, ou la graine, symboles de vie, mais où rien n’est encore révélé.

Le Nord, c’est les grands vents froids qui donnent à l’homme force et endurance. Le Nord symbolise également les épreuves qui vont fortifier l’être, lui donner plus d’endurance. L’un de mes amis a vu un jour sept aigles venant du nord et m’a demandé la signification de ce présage. J’ai évité de répondre, car je ne voulais pas le décourager. Il a, par la suite, vécu des moments très difficiles. La vie s’est montrée très dure avec lui. J’ignore même à ce jour s’il a réussi à traverser tout ce que le sort lui réservait, car les grands vents du changement nous ont séparés.

Le grand vent du nord, lorsqu’il souffle sur nous, nous apporte la vitalité, l’endurance et la force. Si nous avons le courage de faire face aux épreuves qui nous sont envoyées, nous en ressortons grandis. Pour faire une épée qui ne se cassera pas, il faut prendre le fer, le plonger dans le feu ardent, le battre puissamment, le plonger dans l’eau froide et encore dans le feu ardent, le battre encore, l’eau froide, encore et encore, et il devient avec le temps un acier incassable. Ainsi est le parcours de l’initié qui marche sur le sentier du Nord.

Dans le symbolisme animal, cette direction est représentée par le bison blanc. La terre est sillonnée de courants électromagnétiques qui la parcourent d’est en ouest et du nord au sud. Ces derniers sont les courants électriques qui constituent la toile étherique, charpente énergétique sur laquelle la planète est calquée. La batterie d’énergie qui soutient cette immense toile électromagnétique est représentée par le grand bison blanc. Il est, pour les Amérindiens, un être très important. Il est le renouveau de la terre. Une partie de la grande prophétie partagée par de nombreuses nations raconte que lorsque le martèlement des sabots du bison blanc résonnera à nouveau sur la terre, il sonnera la guérison de la terre, les immenses troupeaux de bison d’autrefois resurgiront de sous le sol et nous retrouverons la joie et la liberté de notre mode de vie ancestral.

La couleur du Nord est le bleu ou encore le blanc, tellement blanc qu’il comporte des reflets bleus. Le Nord c’est la nuit, l’hiver, et son point culminant est minuit au solstice d’hiver. Dans la vie d’un humain, c’est lorsque nous avons les cheveux blancs et sommes les Aînés de la nation. Nous pouvons alors contempler le monde et ce que fut notre vie et offrir notre sagesse aux jeunes générations. C’est au Nord que se situe le monde des esprits, l’Ungawi, le monde de la forme idéale. Les esprits de nos ancêtres y ont trouvé leur demeure. C’est grâce à la vision claire du mental (qualité inspirée par le Nord) que nous pouvons les percevoir et entendre leurs enseignements.

À l’Est, nous retrouvons la sagesse de l’inspiration, la sagesse de la sphère de l’existence et de l’illumination. L’Est représente la lumière intérieure et extérieure. C’est aussi l’enseignement, le savoir, le désir d’acquérir de nouvelles connaissances. C’est la naissance, le début de toute chose. La compréhension, la révélation des choses ainsi que l’expression de soi proviennent de l’Est. Entre le Nord et l’Est, entre le vieillard et le nouveau-né, nous retrouvons la période de l’apprentissage de la vie, de l’expression de notre individualité. Ce sont aussi ces doux vents qui prennent soin de nous, le Zéphyr de l’Est. L’animal-totem de cette direction est l’aigle doré, sa saison, le printemps, son moment du jour est l’aube et sa couleur est le jaune doré du soleil levant. L’énergie du matin est spéciale et tous les rassemblements amérindiens débutent par la cérémonie du lever du soleil. Les exercices matinaux devant le soleil levant confèrent une énergie magnifique à ceux qui les pratiquent. Toutes les traditions ont cette compréhension. Les moments culminants de cette direction sont l’équinoxe du printemps dans l’année et le lever du soleil dans la journée.

 

Le Sud incarne la sagesse de réussir les oeuvres que nous entreprenons. Cette sagesse canalise l’énergie et les motivations qui nous permettent d’amener nos projets à terme. C’est la médecine de la réussite et de la croissance rapide. C’est la période chaude de l’été, le rire, la joie, l’innocence, l’amour et toutes les qualités qui s’y rattachent. Son animal est le coyote. Dans la mythologie amérindienne, cet animal est celui qui joue des tours aux gens pour les obliger à apprendre, souvent malgré eux. Dans mon livre sur les cristaux, j’en parle un peu parce que la citrine est une pierre qui sert bien la médecine du coyote[1]. Nous avons tous, dans nos familles, des gens qui sont très routiniers, dans le genre métro-boulot-dodo. Nous pouvons inciter le coyote à venir surprendre ces gens et à les réveiller un peu. Il y a aussi ces gens qui ont tout eu, qui ont connu la gloire et la fortune et qui se retrouvent sans rien du jour au lendemain. C’est la faillite et l’humiliation. C’est la médecine contraire du coyote.

Savoir rire de soi-même est une grande vertu. L’humour occupe une place brillante et stratégique dans la spiritualité amérindienne. Vous ne verrez que très rarement les enseignants amérindiens rester sérieux pendant des heures. En général, ils vont tout faire pour détendre l’atmosphère et dérider les gens, car le rire est un gage de santé. Lorsque nous sommes de bonne humeur, il y a moins de risques de tomber malade. Lorsque nous savons rire de nous-mêmes et de nos erreurs, nos apprentissages, l’intégration des leçons que la vie nous offre, se font également beaucoup plus vite. C’est là une autre leçon que nous offre le Sud, avec la médecine du coyote.

Nous avons un autre animal associé à cette direction, la petite souris. Son rôle consiste à nous enseigner la confiance et l’innocence. Il y a quelques années, je devais célébrer une cérémonie du solstice d’été. Comme le soleil se lève très tôt, à cette époque de l’année, tout le monde devait se réveiller vers les quatre heures trente le matin pour préparer la cérémonie du lever de soleil. Cette année-là j’avais raconté, la veille, la légende de Petite Souris Sauteuse, une belle histoire sur le pouvoir du chemin de vie. Le lendemain matin, à 4h15, une petite souris avait couru sur les gens endormis dans le tipi et les avait tous réveillés.

La couleur du Sud est le vert et son temps de la journée est le midi. Son apogée est à midi au solstice d’été. Un des symboles du Sud, ce sont les grand-mères dansant avec des paniers de graines pour nous assurer un avenir plein d’abondance, d’amour et de compassion. Si nous regardons de plus près, nous nous apercevons que ces grands-mères sont en fait de vieux guerriers, qui se sont déguisés en grand-mères pour se préserver à jamais de la folie de la guerre et veiller sur l’avenir des générations futures.

L’Ouest, c’est la sagesse qui connaît et comprend les particularités de chaque chose sans perdre de vue l’ensemble de la situation. C’est l’assimilation de toutes les expériences de la vie et le karma. C’est le feu qui détruit pour ensuite redonner la vie et favoriser l’apparition de quelque chose de nouveau. C’est le feu de l’automne, celui qui pare les arbres de mille couleurs. C’est la porte que nous traversons pour parvenir à la mort de l’ego. La ligne est très mince entre le fait d’affirmer notre individualité et celui de claironner notre ego. Notre personnalité, que nous appelons aussi ego, est la somme de toutes les expériences que nous avons vécues depuis notre naissance. Les souvenirs que nous gardons de ces diverses expériences déterminent la façon dont nous allons réagir aux événements et aux personnes qui nous entourent. L’ego est une création temporaire qui se dissout à notre décès. Elle est ainsi l’illusion suprême à laquelle nous sommes très attachés, mais qui n’a en fait aucune autre réalité que celle que nous lui attribuons. L’Ouest enseigne la pérennité de l’âme, la vie éternelle de l’esprit et le non-attachement à la personnalité illusoire et transitoire qu’est l’ego.

L’Ouest nous enseigne à affirmer notre individualité d’une manière saine et équilibrée, sans tomber dans les pièges de l’ego. C’est donc la voie de l’intégration, de la dissolution des désirs. C’est le sentier de la médecine, un chemin ardu qui exige le renoncement, l’apprentissage du jeûne, la pratique de la solitude et de l’introspection.

Par définition, un chaman est une personne qui est décédée et qui est revenue à la vie. C’est la signification originelle du terme qui nous vient d’une langue autochtone d’Eurasie. « Chaman» veut dire « celui qui est né deux fois ». Un chaman sait comment passer dans l’autre monde pour communiquer avec les esprits et en revenir. Beaucoup d’initiations vont donc comporter une mort plus ou moins rituelle pour pratiquer ce passage dans l’au-delà. J’ai déjà lu sur un chaman Inuit (la documentation existe, écrite par un Blanc qui avait été témoin de ces événements, mais j’en ai oublié la référence) qui, lorsque son élève était prêt, se rendait sur la banquise, creusait un trou dans la glace et laissait glisser complètement son apprenti sous l’eau glacée, solidement attaché à un poteau. Il fixait ensuite ce poteau à la banquise et quittait les lieux. Au bout de trois jours, il revenait récupérer son élève, le sortait de l’eau, le réanimait pour finalement lui demander un compte rendu de son voyage dans l’autre monde!

L’Ouest nous enseigne la dissolution des désirs. Ses vents sont asséchants et forts, des vents qui allument les feux. Sa saison est l’automne, ses animaux sont l’ours brun et l’ours noir et sa période du jour, le soleil couchant. À ce moment, le ciel s’embrase souvent de couleurs de feu. Son point culminant est le soleil couchant, le jour de l’équinoxe d’automne. C’est aussi la voie de la transformation, celle de la médecine et de l’introspection. Cette dernière est reliée à l’ours qui, quand arrive l’hiver, entre dans sa « ouache » (caverne ou abri de l’ours) et dort jusqu’au printemps. Nous faisons la même chose, en quelque sorte, lorsque nous nous accordons des moments de solitude et réintégrons notre caverne à nous, qui se trouve au centre de notre tête. Là, nous avons une perception de la réalité tout à fait différente et pouvons renouveler notre être au contact de notre esprit. L’ours connaît toutes les plantes qui guérissent. Dans les légendes amérindiennes, c’est souvent l’ours qui est venu révéler au peuple, par l’entremise de personnes dignes de sa transmission, l’utilisation des plantes médecines.

Toute la nature à l’automne vit une grande transformation. L’Ouest est la direction par excellence pour travailler sur la transmutation des désirs. C’est pourquoi il n’est pas indiqué de se coucher la tête vers l’ouest. Le sommeil peut alors être agité et le corps peut avoir tendance à faire de la fièvre. Il est mieux de se coucher la tête vers le nord, où les énergies sont plus calmes et où les courants telluriques purifient notre corps étherique pendant qu’elles coulent comme une rivière dans le sens de la longueur du corps. La couleur de l’Ouest est le rouge. L’Ouest nous enseigne la maturité et représente l’âge adulte et l’expérience acquise au cours d’une vie bien vécue.

Nous arrivons finalement au centre, la sagesse de l’équilibre et de l’équanimité. C’est nous qui sommes au centre des quatre directions! C’est au milieu du cercle que nous faisons l’apprentissage de l’équilibre, de l’équanimité ou égalité d’âme. Cette capacité à être d’humeur égale en tout temps se retrouve chez nombre de grands sages. Peu importent les événements, ils parviennent à rester sereins. Leur maison brûle, bon! Ils perdent tous leurs biens, bon! Ils ont compris que rien n’est vraiment important et que seule l’essence est éternelle. Rien d’autre ne demeure. Tout passe et disparaît. Tant que nous respirons, tout va bien. Et même lorsque nous cessons de respirer, la vie continue. Pourquoi, dès lors, s’énerver? Évidemment, il est beaucoup plus facile de parler de ce principe que de l’appliquer. Le centre, qui est aussi une direction dans la roue de la médecine, donne la sagesse de l’équilibre.

Il est important de voir la réalité avec la vision des quatre directions pour s’assurer de demeurer dans l’équilibre. De l’Est, par exemple, nous allons voir de quelle manière les choses s’incarnent, l’idée première d’un projet par exemple. Mais pour la réaliser, nous aurons besoin de l’expérience et d’une vision d’ensemble que nous procure la vision de l’Ouest. Du Sud, nous apercevons tous les détails, toutes ces petites choses qui apportent des éléments nécessaires à sa réalisation. Du Nord, nous voyons l’archétype, le potentiel non encore manifesté, les choses dans toute leur perfection. Au Sud encore, nous trouvons le courage d’agir et de manifester notre vision. Tous ces attributs sont importants pour réaliser notre mission d’être.

La sagesse du centre nous aide à comprendre les autres, à trouver un équilibre au sein de notre univers. C’est aussi la possibilité de devenir un foyer de lumière. Notre offrande ultime, en tant qu’être humain, est d’acquérir cette capacité de devenir comme un soleil pour les autres. Lorsque nous sommes en unité avec notre âme, notre seule présence, par l’harmonie et la lumière subtile qu’elle dégage, peut favoriser la paix et la guérison tout autour de nous.

[1] PUISSANCE CRISTALLINE , Aigle Bleu Éditions du Dauphin Blanc 

2 réflexions au sujet de “LES QUATRES DIRECTIONS – un enseignement de sagesse”

  1. Bonjour Aigle Bleue !!!! La Paix soit avec toi !!!
    Tout d’abord MERCI de tes Enseignements qui ont du sens , et qui personnellement me permettent , au moins une fois par semaine , de rester en contact avec ce qui est essentiel , et de remettre les pieds sur Terre , et la tête sur les épaules , … , dans cette société à la dérive !..!!!….

    Je m’interresse depuis quelques temps aux Directions !..!!!
    Souvent , avec mon tambour « chamanique » , je joue en me tournant vers le Nord , l’Est , le Sud puis l’Ouest !… Et je constate que je ne produit pas le même rythme à chaque fois !!…
    Mais je me tourne aussi parfois vers le Haut , vers le Bas , et vers l’Intérieur !!…
    Cela fait en tous 7 Directions !!…
    Qu’en est-il de ces deux autres Directions ?!!…
    Ont-elles une couleur associée , un animal , un sens , … , comme pour les 5 autres ?!!…
    Merci de ta réponse !..!!!
    Vincent V.

    Répondre

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.