LA COMMUNAUTÉ DES RITES DE PASSAGE

Pendant bien des années, j’ai animé un cycle de cérémonies, des rites parmi les plus puissants et les plus bénéfiques qu’il m’est donné de partager : Le cycle cérémonial des rites de passage !

Les praticiens chamaniques que j’ai formés continuent ce travail. Vous les trouverez sur savoirancestral.com. J’aborde ici la question de la communauté qui vient accompagner ceux qui vivent leurs rites de passage et les difficultés à pouvoir rejoindre ceux qui animent ces activités. Ils sont nombreux ceux qui voudraient vivre ces rites, mais ont des difficultés financières. Il y a ceux qui y participent, mais qui le font sans inclure des témoins parmi leurs familles et leurs amis, ce qui parfois s’avère crucial pour ancrer l’expérience de croissance. Je trouve important d’aborder ces différents sujets ici puisque beaucoup d’entre vous sont confrontés soit à des difficultés financières ou autres obstacles qui limitent le potentiel de ces activités.

Il est certain que la situation dans laquelle on se trouve est un peu artificielle. Tant que nous n’aurons pas les communautés naturelles et les ecovillages qui font que ces rites sont gratuits et s’organisent naturellement selon les saisons de l’année et les saisons de nos vies, elles devront être organisées de cette façon.

Célébrer les saisons de la vie nous donne l’opportunité d’ancrer notre évolution dans la conscience collective. Ainsi, nos pas sur le chemin de la vie, nos apprentissages essentiels dans la compréhension de ce que c’est que d’être un Homme, une Femme, un couple, un aîné, le membre d’une famille, notre rôle et notre mission dans la vie, deviennent alors des richesses inaltérables, immuables, des pierres fondatrices dans la charpente de cette œuvre grandiose qu’est notre vie d’Homme et de Femme. Sans la communauté qui est témoin de nos efforts, de nos talents, de nos découvertes, particulièrement dans les sociétés anonymes et aliénantes d’aujourd’hui, nos réalisations sont invisibles et ont difficulté à s’ancrer dans nos vies. C’est une des raisons pour lesquels on reçoit souvent un nouveau nom lors des rites de passage que sont la quête de vision et la loge de lune. Ce nouveau nom devient une aide pour ancrer notre réalisation dans le quotidien et dans la conscience communautaire. La communauté devient le témoin de nos pas sur le chemin de la vie et ainsi nos progrès, nos réalisations, nos compréhensions sont permanents et deviennent des jalons lumineux de joie et de maturité dans la symphonie de nos vies.

C’est pourquoi nous sommes accompagnés par la communauté éphémère que devient le groupe de ceux qui se rassemblent autour des rites de passage. Nos communautés ont été détruites par la société technocratique, mais il est simple de recréer ces ambiances puisqu’elles sont naturelles à l’être humain. Pendant la quarantaine d’années que j’ai animé des groupes dans les enseignements et les rituels ancestraux un commentaire qui revenait très souvent, c’est la joie, l’immense félicité que les gens ressentaient à partager une même spiritualité au sein de la nature. Cette ambiance créait spontanément le sentiment de communion d’une communauté. C’est tellement fondamental et important ce partage que la rupture de retourner à la vie ordinaire après ces évènements était souvent ressenti comme un choc brutal. Pourtant l’expérience n’avait parfois duré que 2 jours, mais la comparaison entre la vie naturelle dans une vraie spiritualité et la routine quotidienne au sein de la société technocratique faisait réaliser à quel point le quotidien moderne est vide et morne. C’est pourquoi ceux qui accompagnent les braves qui vivent leurs rites de passage sont si importants. Il est aussi important celui qui accompagne que celui qui vît le rite. Les témoins sont essentiels dans cette démarche. On comprend mieux et on se prépare bien à vivre les rites lorsque nous en avons été au préalable les témoins de ceux qui les ont vécues avant nous.

Alors, oui, en principe, il est possible de vivre seul les quêtes de vision et les loges de lune, mais dans la pratique elles n’ont pas la même portée ni la même signification. Il faut une communauté pour ancrer les fruits de ces quêtes intérieures sans quoi il n’y a pas de sens à nos expériences.

Aussi, actuellement il n’est pas possible de les organiser sans argent. Il faut vous recevoir, vous nourrir, payer les transports, les publicités, l’organisation, permettre que les animateurs puissent s’acquitter de leurs obligations financières alors qu’ils travaillaient pour accompagner la petite communauté spontanée dans ces rites. Mais éventuellement, lorsque nous aurons ancré suffisamment profondément la conscience de l’importance de vivre les saisons de la vie dans la communauté, nous aurons la force et les moyens de construire ces communautés de vie où ces rites feront partie intégrante de la vie, comme elles le sont dans toutes les communautés autochtones du monde.

Amour, Paix et Joie

Aigle Bleu

 

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