L’HOMOSEXUALITÉ – PENSÉES D’UN CHAMAN

Bonjour Aigle Bleu,

Dans une société comme la nôtre, il y a des choses qui sont encore mal acceptées, par exemple l’homosexualité. Ainsi j’aimerais savoir ce que vous pensez de l’homosexualité.

Laurent

A.B. — Voilà une question complexe et délicate, mais qu’il est important de bien étudier afin de donner un contexte où chacun peut se respecter et trouver la paix avec lui-même, elle-même et les autres.

La tradition d’origine des Premières Nations a, je trouve, une attitude très saine envers l’homosexualité. J’ai rencontré des hommes, très confortables avec leur orientation sexuelle, parce qu’ils avaient été acceptés dès leur plus jeune âge pour ce qu’ils étaient. En effet, les grand-mères amérindiennes, qui savent reconnaître les caractéristiques spécifiques dans les très jeunes enfants (avant l’âge de 3 ans), savaient honorer les deux-esprits. Ils sont appelés « deux-esprits », car ils possèdent en eux les deux dispositions, masculines et féminines. Ceci rejoint et corrobore les études qui affirment que l’homosexualité est en fait une prédisposition encodée dans l’ADN de certains êtres.

Je m’aperçois qu’il y a quelque chose qui me dérange depuis le début de cette réponse. Ce sont les termes « homosexualité » et « orientation sexuelle ». Ceci a en fait peu à voir avec la sexualité et tout à voir avec la vie. J’ai remarqué à quel point la civilisation actuelle est obsédée par la sexualité et a, en fait, détourné la véritable essence de la rencontre d’amour qui crée la vie pour en faire un plaisir éphémère et fugace qui laisse insatisfait et vide. Cette fixation sur l’acte sexuel et les innombrables tabous et perversions qui l’accompagnent sont les symptômes de la confusion dans laquelle nage la civilisation moderne dans sa compréhension de l’être humain. Bref, je ne parlerai plus d’homosexuels, mais de deux-esprits, et pas de l’orientation sexuelle, mais plutôt d’un choix ou d’une polarisation interne.

Les communautés amérindiennes acceptaient les deux-esprits comme des êtres spéciaux qui avaient des dons particuliers. Certaines familles et nations ont toujours cette même compréhension aujourd’hui. Imaginez des hommes, qui ont une force d’homme, mais qui s’habillent comme des femmes et travaillent avec les femmes. Quel plaisir pour le cercle de femmes d’avoir un tel atout parmi eux ! Et imaginez une femme, avec l’intuition et les sens aiguisés d’une femme, qui s’habille comme un homme et qui offre ses services au cercle des guerriers et des chasseurs. Très utile et très apprécié. Souvent les deux-esprits devenaient chamans et de très puissants guérisseurs, car ils avaient une bonne compréhension des hommes et des femmes ayant les deux polarités. Quant au mariage et à la capacité de créer, la vie, la tradition qu’avaient la plupart des nations d’accepter la polygamie, permettait que tous les êtres puissent s’exprimer et contribuer à bâtir une vie de famille. L’homme qui préférait vivre comme une femme pouvait être la seconde épouse d’un chasseur et ainsi contribuer à la vie de cette famille. La femme guerrière, pouvait être mariée avec une femme, mais aussi avec un homme et pas nécessairement avec un autre deux-esprits. Elle pouvait ainsi contribuer à élever les enfants de ses « épouses ».

Tous étaient acceptés et honorés dans la vie communautaire des Premières Nations d’antan dans la mesure où ils ou elles étaient utiles et remplissaient un ou plusieurs des innombrables rôles dont la communauté avait besoin pour vivre. Comme dans toute communauté, pour mériter l’estime et le respect des autres membres, les gens devaient prouver qu’ils étaient de véritables êtres humains, autonomes et souverains, capables de subvenir à leurs besoins et de contribuer à la vie communautaire. Qu’ils soient différents en fait importait peu, ce qui importait était leur contribution à la vie communautaire et leur développement en tant qu’être humain véritable[1].

J’ai rencontré des Amérindiens qui étaient très confortables avec qui ils étaient et en fait avaient des qualités et des dispositions remarquables parce qu’ils étaient en paix avec leur polarisation interne. J’ai aussi rencontré des hommes et des femmes canadiennes avec de gros problèmes dont certains sont morts du sida et qui n’ont jamais trouvé la paix. Bien que certains soient devenus des amis et que nous ayons partagé des moments de réflexions et même travaillés ensemble, ils n’ont jamais vraiment réussi à trouver un équilibre et une paix qui auraient permis d’offrir une contribution significative à la communauté qui les entourait. Lorsque la possibilité de guérir de leur affliction, cette maladie virale auto-immune qu’est le sida, s’est offerte, car certains hommes médecines amérindiens peuvent guérir ces maladies, ils n’ont pas accepté. Leur tumulte et leur sentiment de rejet interne étaient si fermement incrustés qu’ils ont en fait préféré la mort.

Je pense que tout cela est en fait un problème de compréhension de la nature profonde de l’être humain. Le système qui manipule actuellement le monde, qui se présente sous l’apparence du progrès et qui influence et conditionne les institutions à travers le monde, ne donne aucune importance à la découverte du sens de la vie. Les questions telles que « Qui suis-je ? », auxquelles chaque être humain doit répondre, ne sont pas considérées au sein du système, de cette matrice artificielle qui conditionne et médicamente l’être humain afin de mieux le contrôler. En fait, les gens doivent s’adapter au système sous peine d’être rejetés et qui ils sont n’est pas du tout considéré. Alors, les gens « différents » sont laissés pour compte et peuvent développer des pathologies psychiques et physiques qui les rendent incapables de trouver l’espace de paix intérieure qui pourrait conduire à la compréhension de qui ils sont et de leur place et rôle au sein de la communauté et du monde.

Il est important de respecter tous les êtres pour ce qu’ils sont. Il est primordial que chaque être humain se « trouve » afin de pouvoir offrir une contribution au monde dans lequel il vit. Ce sont des vérités simples, mais vraiment importantes. Pour actualiser qui nous sommes la communauté est vraiment primordiale, car c’est en relation avec les autres que nous pouvons déterminer qui nous sommes. Ce dans quoi les gens naissent aujourd’hui ce ne sont pas des communautés, mais des sociétés. Le mot société désigne des gens associés ensemble dans une relation économique où les relations humaines sont facultatives. Nous vivons dans des appartements, des maisons ou de chateaux entourés de clôtures loin de ceux qui sont différents de nous. C’est pourquoi dans un tel monde la découverte et l’acceptation de qui nous sommes est plus difficile.

L’Être Humain Véritable est libre. Nous ne sommes pas prisonniers du système si nous décidons d’assumer notre condition d’Homme et d’être pleinement qui nous sommes. Même si cela est difficile aujourd’hui il est possible de reconstituer des communautés d’âmes et même de vie. Il est aussi possible d’entretenir les relations qui reflètent notre vérité. Ainsi, chacun peut trouver la voie qui lui permet de s’épanouir et de trouver la paix, la joie, l’amour et la réalisation de ses rêves.

Le futur de l’Humanité dépend de comment nous allons réussir à comprendre et actualiser ces vérités essentielles. L’avenir même de la terre telle qu’on la connaît dépend des êtres humains conscients et responsables de leur rôle et place sur la terre mère.

Paix et lumière

Aigle Bleu

[1] Par être humain véritable je désigne celui et celle qui ont la compréhension de qui il ou elle est en rapport avec le monde naturel et la communauté humaine.

5 réflexions au sujet de “L’HOMOSEXUALITÉ – PENSÉES D’UN CHAMAN”

  1. Namasté _/\_
    Ma fille, une magnifique adolescente de 16 ans, est, ce que l’on appelle, bisexuelle depuis des années.
    Ces derniers mois, il m’a été donné cette compréhension qu’elle assumait son androgynité dans la matière.
    Bel instant présent à tous 🙂

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  2. Bonsoir à tous, je cherchais depuis longtemps un texte, un point de vu cohérent sur la théma homosexualité. Je suis ravi que cela existe, c’est un point d’appuis équilibrant, néanmoins la marginalisation des deux-esprits est toujours réelle et parfois très douloureuse! Je cherche également à savoir pourquoi l’âme réincarnée à choisie cette particularité, ce chemin bien difficile à assumer.

    cordialement

    Pouvez-vous me conseiller des ouvrages?

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  3. Merci Luc… ce que tu exprimes, avec la compréhension et l’expérience et de l’homme et du Mushum, résonne profondément et met des mots sur mon expérience en tant qu’Aînée accueillie par ma communauté. J’ai fait les 7 Jours pour la Terre avec toi en 2011 et je comprends enfin pourquoi j’ai dû partir au matin du dernier jour, celui des passages rituels 🙂 Il n’y avait personne de ma communauté, à l’époque, pour accompagner ce Passage. Il aurait été vide de sens… C’est la communauté qui nous « reconnait » , lorsque nous savons enfin réellement qui nous sommes et ce que nous pouvons lui apporter d’authentique… Gratitude
    Martine-Mnà

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  4. Merci pour cette approche très humaniste au gros bon sens imprégné du respect des différences. J’ai vraiment trouvé intéressant l’idée de personnes aux deux esprits possédant un être polarisé! Cela est très près du yin et du yang et des nuances entre les deux pôles, un peu comme le jour et la nuit, le blanc et le noir, etc. Nous sommes tous ces différences ! Bon samedi !

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