Il y a une chose qui a permis aux Premières Nations de survivre à des siècles de génocides et d’efforts concertés des colonisateurs et de leurs églises pour oblitérer leurs coutumes, langues et traditions. Curieusement ce n’est pas ce que nous pourrions penser… mais bien une activité humaine normale et quotidienne. Rire !! 😀
Oui, l’humour, savoir rire de soi, des circonstances, des manières complètement absurdes de l’envahisseur a permis aux Premières Nations de garder le moral, la constance et de faire le retour vers leurs valeurs et leurs traditions que nous constatons aujourd’hui. Non seulement ont-ils réussi à survivre, mais contrairement à la tendance dans les civilisations et sociétés technocratiques occidentales, ils font encore beaucoup d’enfants. Ils reviennent en force et ont un message à nous livrer, celui de l’unité de l’homme et de la nature.
C’est très important de comprendre l’humour et l’importance du rire. Lorsque nous sommes de bonne humeur, il y a moins de risques de tomber malade. Il n’y a pas de meilleur remède pour prévenir la maladie et dissiper les énergies maléfiques que le rire. Les entités mal intentionnées sont effrayées et s’enfuient devant un grand rire du ventre. La bonne humeur soulève le système immunitaire et permet d’augmenter l’énergie vitale. Le mouvement de l’abdomen lors du rire, tout spécialement le fou rire qui fait venir les larmes, massage les organes internes et fais circuler les fluides favorisant l’action de l’estomac, du foie, des reins et des intestins. Bien des gens se sont guéris de cancers en regardant simplement des films drôles en série pour favoriser l’action du rire. Cela a donné naissance à une discipline qui s’appelle la rigolothérapie. Bref, le rire est bon pour la santé du corps et de l’esprit.
Savoir rire de soi-même est une grande vertu. Nous ne sommes que peu de choses dans le vaste univers et pourtant nous avons notre grain de sel à donner au monde. Lorsque nous savons rire de nous-mêmes nos apprentissages, l’intégration des leçons que la vie nous offre, se font beaucoup plus vite. Nous avons tous nos zones d’ombre et déformations ridicules de la conscience. Savoir rire de soi-même permet de transcender rapidement nos défauts, lacunes et transformer nos zones d’ombre en lumière.
Il est souvent difficile de rire de soi. Notre orgueil, notre fierté mal placée, notre égo sur dimensionné sont autant de freins à la vision juste de nos comportements absurdes. Mais celui qui a l’humilité de voir avec clarté ses points faibles peut les transformer et les transcender très rapidement avec l’humour et le rire. Si nous rions de nos points faibles, ils deviennent rapidement beaucoup moins importants, nous les prenons beaucoup moins au sérieux. Nous les regardons avec plus de légèreté et cela permet de les transformer sans effort, dans la joie d’une rigolade !
C’est pourquoi l’humour occupe une place brillante et stratégique dans la spiritualité amérindienne. Vous ne verrez que très rarement les enseignants amérindiens rester sérieux pendant des heures. En général, ils vont tout faire pour détendre l’atmosphère et dérider les gens, car le rire est un gage de santé. Un de mes plus grands amis, que je considère comme l’homme médecine le plus puissant de la province du Québec, ne sait pas dire 3 phrases sans pousser une blague ! L’énergie qui se dégage de la présence de cet homme est puissante. C’est aussi la tendance dans ces peuples de jouer des tours pour se moquer et faire rire de soi. Jouer des tours, faire surgir l’inattendu, bouleverser l’existence que nous pensions bien ordonnée c’est la médecine du coyote et l’énergie du sud.
Les Premières Nations avaient une telle compréhension de l’importance du rire qu’il existe même, dans plusieurs nations, de saints hommes (appelés « Heyoka » chez les Sioux) dont le rôle est de faire rire. C’est la médecine de l’ouest, la médecine des contraires. La spiritualité autochtone est aussi la seule que je connaisse où le rire fait souvent partie des cérémonies. Lors des cérémonies, les Heyoka se déguisent de la manière la plus farfelue et font tout à l’envers. Là où les rites sont bien ordonnés, ils arriveront en trombe, tombant les uns par-dessus les autres, s’étalant dans une flaque d’eau. Les cérémonies autochtones durent plusieurs jours et sont parfois très sérieuses et intenses. Le rire permet un moment de détente. Il est salutaire et donne à l’homme l’occasion de se voir tel qu’il est. Si l’homme ne sait pas rire de lui-même, cela trahit un manque d’humilité. La folie sacrée du Heyoka, ou clown sacré ne serait pas comprise dans la société moderne, mais dans les sociétés traditionnelles, elle suscite un fou rire libérateur qui amène guérison et joie. Ces chamans et personnes médecines traditionnelles sont honorés et sont souvent super puissants. Pour lire la vie d’un tel homme voir le livre Seeker of Visions – Lame Deer by Richard Erdoes.
Je me souviens d’un moment précieux lors d’un retour sur l’événement d’un rassemblement entre chamans et public en France par les chamans participants. Lors de cet assemblé de clôture une chamane d’Amérique du Sud avec cette médecine du Heyoka a fait des saynètes imitant les tics et manières absurdes de plusieurs chamans dans l’assemblée. Les gens ont bien ri, mais lorsque est venu le moment d’imiter le chef coutumier de cet événement, c’était à se rouler par terre. Lui riait jaune ! Par contre, plus tard il est revenu avec grande colère vers cette personne, avec violence verbale, pour se venger de l’humiliation qu’il avait ressentie. Il est un produit de la société française malgré tout son attachement au celtisme. Cela démontre bien la différence qu’il y a entre les sociétés traditionnelles où une telle démonstration aurait été considérée comme un événement sacré pour lequel il aurait fallu être très reconnaissant et même faire des offrandes de gratitude et celui de la civilisation occidentale ou l’égo s’offusque et se venge.
Ça me fait penser à une expérience d’enseignement que j’ai eue en Allemagne. L’humour est très important dans la spiritualité amérindienne, ne serait-ce que pour ne pas se prendre trop au sérieux. Mais lors de mon premier stage en Allemagne j’ai été très inquiet de constater qu’ils ne trouvaient pas mon humour drôle. Mes meilleures blagues tombaient à plat. À l’heure du lunch, je me suis isolé pour réfléchir à ce qui était pour moi un gros problème. Non seulement l’humour était-il essentiel dans le tissu du temps que nous passions ensemble, mais ces gens étaient déjà très très sérieux! Alors je me voyais passer un mois là-bas sans pouvoir rire pendant les stages… Mes yeux sont tombés sur une petite clochette qu’il y avait dans la chambre où l’on m’hébergeait. Il y avait autrefois au Québec une émission d’humour qui s’appelait Les Trois Cloches. J’ai eu une idée…
De retour en stage j’explique au groupe que j’avais un sérieux problème. Mes blagues tombaient à plat, car notre humour était par trop différent. Alors, lorsque je dirai une blague, pour qu’il sache que c’en était une, je sonnerai la petite clochette. Miracle !! Ils trouvaient la petite clochette immensément drôle. À chaque fois que je sonnais la petite cloche, peu importe la blague, j’étais récompensé avec un torrent de rires !!
Bonne journée à tous et toutes 😀
Aigle Bleu
merci Aigle bleu
c’est intéréssant effectivement grâce à l’humour les choses se passent beaucoup mieux je trouve…. et puis c’est tellement bon des fous rire ! …. aussi je suis heureuse que les amérindiens reviennent je rêve de celà et qu’ils reviennent comme avant tels qu’ils étaient…fidèles à eux même ! avec leur harmonie à la nature leurs splendides vêtements danses et chants avec tous ces sons et voix qu’ils savent si bien faire ! ce sont les rois pour celà !! 😉 je trouve que la vie manque d’attrait de « joie » sans eux ils nous manquent !
🙂
Merci, 😀 😀 😀